"Impossible de grandir " Fatou DIOME

"Que ma voie te rende ta voix de femme "

Il y a des romans qui vous portent, d'autres qui vous transportent. Certains qui vous font rires, d'autres qui vous font pleurer. Il y a des romans que vous n'aimez pas, "jetez". D'autres qui terminent leurs courses chez des amis ou poursuivent leurs voyages sur un banc posé dans un square. Et puis il y a ceux qui vous attendent, ceux que vous ne pourrez jamais prêter, ceux que vous ne pourrez jamais vous débarrassez, ceux qui vous ressemblent tellement que vous vous dites "c'est pas possbile c'est moi qui l'ai écrit".

Il y a des romans que vous pourrez plus quitter, des romans qui vous feront mal mais qui seront nécéssaires à lire, à poursuivre.

Vous le savez, vous le voulez, vous l'achetez, d'abord et parce que c'est Fatou DIOME ("Celles qui attendent" juste magnifique, "Inasouvies nos vies " juste merveilleux) et ensuite parce que vous savez que son écriture vous chavire, oui vous le savez.

 

Vous le regardez ce roman, le posez, le reprenez, le feuilletez... Même pas ... Vous le prenez directement, les yeux fermés et vous savez que vous allez le savourer, l'aimer quitte à vous égratiner le coeur, vous tailler les veines, faire votre mue. Oui vous le savez, vous le savez !

Ce roman je ne l'ai pas encore terminé. Je prends mon temps, je m'aventure dans mes chemins, mes sentiers, mes ravins, dans mes lieux aimés, mes coins ensoleillés. "Impossible de grandir" est un parcours, une aventure, un territoire, un vaste et bel horizon, une exploration, une découverte, un périple. C'est beau, ça fait mal, un uppercut, une claque mais c'est un vrai soleil de printemps, un immense brasier de vie, un bouquet de roses rouges.

" Impossible de grandir " c'est enfin accepter d'être soi, totalement et pas par le regard des autres. C'est accepter de se débarrasser de ces chaines qui nous entravent, de ces océans qui nous emportent, de ces vents tumultueux qui nous couchent par terre. " J'avais pris la résolution de faire définitivement la paix avec la Petite et ne plus jamais me faufiler dans un moule de circonstance, conçu par d'autres". C'est un magnifique roman sur la résilience, une claque certe, mais une magnifique claque. Mon carnet s'est rempli et ce dès les/la première ligne, dès les/le premier mot. Je ne l'ai plus posé, reposé. Partout où je vais il me suit. Une ligne par ci, une ligne par là. J'avance, je le poursuis, il me poursuit. Je souffle. Je grandis ...

Pépites récoltées dans ma besace ici et là... (mais il y en a tellement d'autres)

"Je m'appelle Salie, les rétine brûlées à scruter la vie, je voudrais m'endormir, mais je ne peux m'empêcher d'écouter les anges de la mémoire qui chuchotent la nuit et me réclament leur vie d'antan."

"On ne souvient pas pour aller mieux, mais pour comprendre. Le plus dur après, c'est accepter."

"Parce qu'on lui a trop dit qu'elle est belle, la mer, elle n n'avait aucune raison de changer la couleur de sa robe bleue et, depuis quelques semaines, le ciel, amoureux, jetait autour d'elle des rideaux de même teinte Fusion ? Non, harmonie. Complice de cette idylle, le soleil larguait des feuilles d'or qui flottaient sur les vagues. Les cocotiers sentinelles, se miraient dans l'oeil scintillant de l'Atlantique et leur ombre, à la faveur d'une bise, dansait au rythme du ressac."

"Les liens génétiques ne servent à rien, lorsqu'ils ne sont pas doublés de liens affectifs, je dirais même d'une certaine amitié. Il ne sera jamais redondant d'affirmer que l'attachement ne s'impose pas, il se construit et se mérite. Parce que la tendresse est la plus solide des attaches, la famille, la vraie, la seule qui tienne, se résume à ceux qui ont aimé et sincèrement aimé, car il n'y a que ceux là qu'on arrive à aimer en retour. seuls ceux-là sont incontournables, irremplaçables et dignes d'hommage pour avoir donné le goût et la force de vivre."

"Ce n'est pas vivre qui est difficile, mais le processus par lequel on passe pour accepter de vivre, avec tout ce quon porte en soi..."

Comments

[Framboise]

Fatou Diome <3

"Que ma voie te rende ta voix de femme "

Punaise, ton billet me donne envie folle même si, comme souvent les récits de cette auteure, ce roman semble se lire en apnée ....

mille bises