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Le blog du petit carré jaune
11 janvier 2014

Balade parisienne avec Elsa MONTENSI

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Il y a bientôt plus de 9 mois, je vous ai parlé d'un recueil qui m'a laissée un sacré désordre dans la tête et l'âme. Je vous ai parlé d'un petit livre qui a été une révélation pour moi et pour une auteure, "Désordes, lettre à un père" d'Elsa MONTENSI.

Et il est des phrases, des mots qui vous pénètrent l'âme parce qu'ils arrivent au moment où vous êtes prêt(e)s à les lire, les découvrir, en faire votre chemin, votre jardin secret. Des mots qui s'écrivent sur une portée musicale, une corde sensible d'un piano, une touche, une note, des silences. Il est un moment où ces mots, ce désordre vous portent tellement qu'ils en deviennent vos mots.


Après plus de 9 mois de correspondance avec l'auteure, il était dit que nous devions nous rencontrer au détour d'une balade, d'un voyage, d'un espace où le temps ne serait pas chronométré, où l'instant présent serait rempli de rires, de lumières, de petits riens de la vie, de mots, de thés, de rencontres inopinées.
Alors pour vous dire la vérité, j'aurai pu prévoir l'interview en bon et du forme : questions / réponses, crayons et carnets aux aguets. Mais prendre des notes c'est ne plus écouter, croquer les mots dits et la mélodie. Et je ne suis pas journaliste. Donc je ne pourrai vous retransmettre mots pour mots, dialogues, rires et phrases que nous avons évoqué.

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Rencontrer Elsa MONTENSI, c'est partir dans les dédales et labyrinthes des rues parisiennes, les yeux remplis d'étoiles et de crises de fous rires. C'est sautiller de pavés en pavés, marcher le long des quais, jouer à cache-cache, se régaler d'Arts, assister à des scènes typiques, étonnantes et observer son esprit partir à la recherche de l'image qui lui donnera matière à l'écriture. Clic clac dans la boite et avoir une idée qui cheminera peut-être ultérieurement. Quelques notes glissées dans un carnet, polaroïd d'un instant.


Elsa s'est autorisée à marquer ses mots il y a trois ans de cela.

Tout est parti d'une demande de France Culture : parler de la honte ressentie enfant, celle qui nous suit parfois une partie de notre existence. Le texte s'est imposé à elle, la première phrase a glissé sur le papier et le reste a suivi : "Tu préfères le corps des hommes à celui des femmes. Tu es né ainsi ...". "Désordres lettre à un père" naissait.

Pourquoi d'ailleurs un tel titre ? Désordres par rapport aux normes, aux structures, aux ressentis et aux émotions, aux images projetées et aux coups de la vie.

..." La vérité ne tient pas dans une formule. Elle réside dans le poids des regards qui jugent, condamnent, dévalorisent, mais jamais ne comprennent. Normal, un mot que l'on se prend en pleine gueule. Ton père n'est pas normal. Tu n'es pas normale. Quand on est différent, on se tait. Sous le poids des regards, il est trop risqué de détester. Se rebeller hors de portée. J'ignore que l'ironie est l'arme des plus faibles."...

 

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L'écriture d'Elsa MONTENSI est une musique. Fascinée par les mots et les livres, elle a mis plus de 20 ans à s'autoriser l'écriture. Il lui a fallu cheminer et déverrouiller les processus, accepter de lever le voile, de casser les schémas familiaux et de laisser filtrer la lumière.

Troublant parcours d'une lumière au bout d'une plume à l'encre bleu-turquoise-violette. Les cris et les déséquilibres de l'enfance laissent place à un apaisement, un silence, une voie nouvelle et sacrée, des rires et des facéties. Les mots lus prennent place sur les sentiers comme une lumière douce au bout d'une jetée : une prose, une plume, une flamme sensible à la beauté du vent, du soleil, de l'énergie des pas, des silences qui s'écrivent et des instants posés, apaisés. Et parfois ils jaillissent de manière spontanés quand à d'autres moments ils sont plus difficiles à agencer.

..." Face à l'âpreté du dehors restent les plaisirs minuscules, démultiplication de ces poignées de secondes savourées à la dérobée. A l'ombre des haies, sous les herbes folles, dans les champs abandonnés, je me suis protégée. Nuages m'entrainant dans leur course folle, coccinelles à apprivoiser. Rares instants éclaboussés de rires. La nature ne juge pas."...

 

Et il y a la mélodie des mots, la gourmandise des sensations, la douceur et la force des lettres, des phrases et des envolées poétiques. Et elle le dit elle même : elle ne peut écrire sans avoir certaines musiques qui l'accompagnent au moment de l'écriture.

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Elsa est exigeante face à la place du mot, l'articulation d'une phrase, de la composition. Tout doit couler dans une parfaite maîtrise de la langue et de la symphonie. Avoir une sonorité, une beauté de la phrase, une harmonie. 

Les mots sont une portée, choisir le bon mot au bon moment donne le La à la phrase, la Clé de Sol au chapitre. Elsa peut revenir sur une phrase pour un mot hors de la gamme. Une musicienne de la langue et de la prose, du rythme, de la mélodie.

Pour " Désordres, lettre à un père", Beethoven et son Torrent de notes à la fois si voluptueuses et si fortes, l'harmonie des notes, l'ont accompagné. 

... " Autre allers-retours. Entre les pages d'encre et l'extérieur. Je découvre la vie, me rencontre, me reconnais dans les livres. La musique des mots, espace vital où je reprends mon souffle, puise des forces pour aller de l'avant. Je les attrape au vol, m'en saisis, les brandis comme un étendard. La littérature devient l'épaule sur laquelle je m'appuie pour affronter le monde."...

feuilletElsa MONTENSI travaille en ayant parfois une ou plusieurs images en tête. Une photographie capturée bien avant le processus d'écriture mais qui ressort un jour et lui donne matière à lâcher la plume. Pour Désordres, ce furent les plages de l'Atlantique de son enfance, l'Ile de Ré, les vagues et le calme d'après tempête, une peinture, un catamaran, un voilier et les mots posés sur les flots. Avant d'écrire "Désordres, lettre à un père" Elsa avait déjà apaisé ce pan de son histoire. L'écriture n'est pas cathartique, la douleur n'aurait pas permis la musicalité des mots.

Ce furent aussi les souvenirs, les images divulguées, dérobées et la peinture de Frida Kalho en fil conducteur. Et toujours les sensations. Elsa n'écrit qu'à partir des sensations. Elle écrit bien plus avec son corps qu'avec sa tête. 
Comme bons nombres d'écrivains, elle se nourrit aussi de mots déposés, traces laissées comme des empreintes et ressorties au moment opportun.

Puis il y a les fils posés sur le mur, les pages accrochées à ce dernier comme un déroulement, une continuité, un lien dans l'écriture, dans le rythme et la source inépuisable pour accrocher les autres mots, phrases, chapitres. Avec toujours en tête cet air du mot juste, de la résonance, de la mélodie silencieuse mais juste de la lecture et des accords.

Mais surtout Elsa MONTENSI est une personne pétillante, fougueuse, riante, sensible avec les yeux remplis d'étoiles et de gourmandises, de mots. Une fois lancée dans l'écriture, plus rien ne l'arrête ... Enfin presque...

Parce que il faut le rappeler, quand le Petit Carré Jaune toque à la porte, ce n'est généralement pas pour prendre une tasse de thé Matcha chez Toraya, un repas aux Lampions chez Blueberry, une expo au Musée Guimet ou encore une balade à St Germain des Près.

Quoique ... faut voir ! Allez à bientôt Elsa... je t'attends au détour de ton prochain roman, de tes prochaines pages.

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Commentaires
M
Félicitations pour ce bel article.
L
heureuse d'être celle sans qui… bises
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