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Le blog du petit carré jaune
20 avril 2014

" Dans les glaces " Simon SCHWARTZ

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Tout commence par une légende Inuit. Une légende sur un mystérieux Corbeau, créateur de l’humanité, un diable au regard effrayant et Mahri Pahluk, une créature à la grandeur d’âme et de cœur.

« Dans le Grand Nord, au point le plus froid du monde, vit Tahnusuk. Le diable. En effet, lorsque le Corbeau créa le monde, il bannit le Diable afin qu’il ne puisse pas faire de mal aux hommes. Le Corbeau prit bien soin des hommes. Il leur montra comment chasser, fabriquer des vêtements et construire des maisons. Et parce qu’il était si bon et si puissant, le Grand Oiseau leur offrit enfin les Trois Pierres Sacrées. Les pierres donnèrent aux hommes des armes pour la pêche … C’est pourquoi ils les gardèrent bien cachées de Tahnusuk,  le diable. Les hommes vécurent heureux, jusqu’au jour où les Oopernadeet – les visiteurs du printemps – débarquèrent sur leurs côtes. Ils étaient sans scrupules et obsédés par l’idée de trouver Tahnusuk. Et c’est parmi ces Oopernadeet que se trouvait Mahri Pahluk … »

 

Mai 1945 - New York, the American Museum of Natural History. Dans les allées se côtoient squelettes d’animaux préhistoriques, masques tribaux, visiteurs d’un jour et un vieil homme, un vieil employé, celui que personne ne remarque, celui que tout le monde rejette. Un pauvre  « old man » noir au dos vouté, regard invisible, caché derrière de grosses lunettes et tenant dans ses mains un seau et un balai. Cet homme, c’est Monsieur Henson. Un homme qui représente moins de valeur que les objets précieux exposé dans ce musée. Et pourtant, qui connait cet homme au visage rond, au visage triste ? Qui connait sa véritable histoire ? Qui sait que ce « négro » est Mahri Pahluk, Matthew le bon, Matthew au grand cœur, l'homme qui a découvert le Pôle Nord ?

 

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Baltimore 1879. Le jeune Matthew est engagé à bord du Katie Hines dirigé d’une main de fer dans un gant de velours par le Capitaine Childs. Il apprend le monde rude des marins, les peurs, les colères, mais surtout la bonté et l’humanité auprès du Capitaine. Il apprend à entendre les battements de son cœur et de son âme et à faire confiance à ceux-ci. Mais le monde est impitoyable et un noir reste un noir, un homme au service des autres.

Nicaragua 1887. Matthew devient l’aide de camp du commandant Robert Peary, un homme admiré par ses pairs car ingénieur du futur canal qui permettra de relier l’Atlantique au Pacifique mais un homme cruel, raciste, orgueilleux. Et pourtant Matthew lui est fidèle. Matthew est  un homme au cœur généreux, bon et loyal.  Et le commandant Peary n’a qu’un rêve dans sa vie : être le premier homme à atteindre la Pôle Nord et son point culminant.  Alors au diable le Nicaragua !

New York 1891. Une nouvelle expédition est menée par le commandant Peary avec à son bord, le capitaine Robert Bartlett, cruel, fourbe, raciste, le Docteur Frederik Cook, célèbre explorateur et alpiniste de renom, et Matthew,  homme à tout faire au service du commandant. Et c’est à ce moment que va véritablement commencer l’histoire de la légende de Mahri Pahluk, ce Dieu au visage tribal, au cœur généreux et au regard bienveillant. Ce Dieu qui vaincra Tahnusuk mais échouera finalement car le regard du Diable ne cessera à tout jamais de le tourmenter.

 

1374807_308660712616553_4972340665762329826_nAlors j’y vais franco : cette bande dessinée est tout simplement un bijou, un somptueux bijou. J’ai découvert cette bande dessinée dans les rayons de ma bibliothèque. Mes mains s’aventuraient et mon regard est tombé sur sa couverture, une couverture où déjà les formes, les silhouettes et un graphisme prononcé s’affirmaient.  J’ai été séduite immédiatement. Puis arrivée chez moi, je l’ai posée et oubliée. Ce n’est qu’aujourd’hui que mes yeux ont de nouveau étaient attirés.

 

Simon SCHWARTZ a signé là un bijou, un somptueux bijou d’humanité et de cruauté humaine. Un somptueux bijou où le cœur et la grandeur d’âme d’un homme sont les beautés mêmes du monde. Un bijou où le racisme, la bêtise, la perversité sont dénoncés à chaque coin de case. Une bande dessinée où la simplicité d’âme, la bonté, le courage, la loyauté sont reconnus. Et même si la destinée de cet homme est tragique, par la seule couleur de sa peau, elle reste la plus belle aventure humaine à connaître.

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De même, il faut reconnaître le talent graphique de Simon SCHWARTZ. Une bande dessinée à l’encre de chine et aux couleurs noires/bleutées, mettant en relief la banquise, les détails de la vie courante, les masques tribaux,  l’architecture d’une Amérique naissante riche et d’une Amérique appauvrie. Somptueux là aussi. Envoutant par son jeux de droites, de lignes, de perpendiculaires et de parallèles entre une vie passée et actuelle.  Envoutant par ces formes rondes et généreuses de la banquise et ses dessins taillés au couteau pour montrer les tempêtes extrêmes, le vent glacial et l’humanité que l’on devine chez ses Inuits. Somptueux oui.

 

Bref vous devinez que « Dans les glaces » de Simon SCHWRTZ est un coup de boum boum. Un vrai, un magnifique, un rayon de soleil pour tous les cœurs à la grandeur d’âme. Une aventure mystique, folle, humaine, pionnière du XXème siècle, l’aventure d’un homme au destin tragique et à la beauté simple et humaine.

 

Dans les glaces a obtenu le Prix Max et Moritz de la meilleure BD de l’année 2012 en Allemagne… juste et merveilleuse récompense.

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