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Le blog du petit carré jaune
4 avril 2015

"Désir" Frédérique Dolphijn et Loren Capelli

11070786_1421291241518841_7977557473795254694_n« Elle le sent. Elle ne sait pas qu’il est si proche d’elle. La grammaire de ce rendez-vous s’apprend au fur et à mesure et vite dans cette atmosphère étirée. »

Qu’advient-il quand le désir est là mais que l’autre est parti ? Que reste-t-il de nos fantômes sensuels et interminables quand celui qui les comblait, est absent ? Quel est ce désir qui nous traverse encore, qui rend le corps source d’un besoin et d’une envie soudaine, de cette quête éperdue de sentir l’autre, de le toucher du bout des doigts ? Est-ce un spectre un fantôme, une absence, l’ombre de la source ?

 

Une femme, un homme. Une histoire ? Ce désir que cette « femme debout, dans sa verticalité, calme, le bassin ouvert et large d’enfantements » ressent derrière cette porte de verre, n’est-il que fantasme, rêve ? Doit-elle faire entrer cet homme qui demeure là, « sur le sable si chaud qui cerne la demeure » ? Est-ce un fantasme, un simple rêve ? Et si cette attente devenait réalité, si ce courant d’air ne prenait pas que la forme d’une étamine, d’une douceur sucrée d’une confiture de groseilles ? Si toutes les sensations qui frémissent, prenaient vie en elle.

« Il est amoureux des plis de son corps. Les plis de la peau donnent aux femmes une autre beauté »

Frêle livre à la couverture énigmatique, Frédérique Dolphijn nous mène dans ce questionnement sur l’absence de celui ou celle qui est loin de nous alors que nous le désirons au plus haut point. Tout en retenue, en émotion et en poésie, l’auteur nous embarque dans l’histoire du désir, mais surtout de cette sensation, ce sentiment infime d’une tristesse si belle, si puissante de vie, d’amour et de solitude.

Métaphores du désir, les mots sont choisis avec une pudeur et une poésie exquise, tout en retenue, les phrases de Frédérique Dolphijn montent crescendo et nous emplit de volupté. Mystérieux, sensuel, énigmatique, doux, ce texte bref (10 pages) est comme l'utime jouissance. Il aborde l'amour, le désir des corps puis le deuil, la perte. On ressent l’attente, la tension, l’effleurement, les sensations. La vie coule sous nos yeux, les bruits deviennent source de plaisirs, une odeur stimule notre instinct olfactif, le froid du verre nous emporte vers cette caresse-chaleur, puis un grincement bref comme un grain de sable dans le rouage d’un couple.


Accompagné des illustrations à la fois si fine et si pleine, toute en mystère, énigmes, de Loren Capelli, « Désir » retrace cette quête sur les creux du temps, l’absence et le plein du désir. Cette fragilité de l’union, ces moments où le corps appelle le corps aimé. L’échange, la vie, puis les soupirs qui glissent, les larmes d’amour devant une couronne de feuille, le deuil de la perte. Et toujours ce grincement qui revient comme une porte sur un désir à jamais installé. La résilience.

« Certaines fois lorsqu’elle pense à lui si fort elle se sent nue. La chaleur des corps est impertinente et sereine à la fois. »

 

Désir
Frédérique Dolphijn (texte) 
Loren Capelli (illustrations)
& - Esperluète Editions

 

Dans le cadre du mois belge que nous content Dame Mina et son salon littéraire ainsi que Dame Anne des mots et des notes

 

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Commentaires
M
J'ai beaucoup aimé ce petit cahier également, en particulier le texte de Frédérique Dolphijn (j'apprécie moins les dessins de Loren Capelli), tout en crescendo. J'avais moins ressenti cette absence que tu mets en évidence, elle m'apparaît comme le coup de tonnerre dans un ciel d'été, comme le final qui brise le rêve et que je n'avais pas vu venir, toute à ce désir si poétiquement évoqué.
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