Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le blog du petit carré jaune
7 août 2015

"La vengeance du conte de Skarbek " Sente et Rosinski

170db0c0-ab2d-012e-aacb-0050569439b1

« Personne n'a le pouvoir de refaire le passé, Magdalène. Seul l'avenir reste à construire. Mais pour cela, je dois d'abord me rendre justice. »

Qui n’a jamais au envie de se venger de la bassesse humaine, d’un vol d’identité, de son âme, de son amour propre bafoué par des plus riches, des sans scrupules ? Qui n’a jamais voulu faire sa loi, intenter un procès, revenir sur la place et redorer son image ? Qui n’a jamais eu envie d’écrire une bande dessinée qui deviendrait une des plus grandes œuvres de la littérature française ?

 

St Malo 1843. Débarque à terre après des années d’errance américaine, le mystérieux Comte Mieszko Skarbek, aristocrate polonais intéressé par les œuvres d’un dénommé Louis Paulus, peintre disparu une dizaine d’années auparavant mais dont les toiles ont atteint une côte incroyable sur le marché parisien. 
Accompagné de Violette, servante noire diablement belle et efficace, le but du Comte est de rencontrer  Ferrat, banquier fort prisé dans le milieu de l’art français. Membre du très select club des notables et autres riches influents sur la place de Paris, Ferrat lui fait rencontrer Daniel Northbrook, marchand d’art possédant la quasi-totalité des œuvres de Paulus.
Se disant intéressé pour racheter les toiles du peintre disparu, Skarbek se met en contact avec deux autres passionnés de son œuvre en leur révélant l’escroquerie mise en œuvre par Northbrook pour faire croire qu’il possédait l’intégralité des tableaux de Paulus. Ce mensonge lui a ainsi permis de falsifier les prix, de monter la cotation et donc de le rendre riche, très riche au détriment des deux passionnés qui décident, avec l’aide de Skarbek, d’intenter une action en justice pour escroquerie. Car ce Comte à l’allure si mystérieuse possède 227 toiles de Paulus. 227 toiles qui peuvent faire couler quand il se souhaite le marché de l’art, la cote du peintre et donc par la même occasion l’univers des trois hommes.

Ainsi commence la vengeance du Comte de Skarbek, une aventure qui nous mènera de St Malo, à Paris, via Waterloo, la Prusse Occidentale, la Pologne de Chopin, les Iles des Caraïbes.
Ainsi commence un récit qui nous fera rencontrer les pires salops, l’univers des magouilleurs, des gens de la Haute Société du Paris de l’après révolutionnaire, post napoléonienne, la piraterie de tout bord et le début d’un auteur à la renommée qui deviendra internationale, Alexandre Dumas, qui s’inspirera de cette célèbre affaire judiciaire qui secoua Paris au milieu du 19ème siècle pour écrire son Monté-Christo.

Rosinski-Nu

 

Un scénario de Sentes habilement construit. De vrais rebondissements à chaque planche. Des trouvailles stylistiques, une rencontre entre le Comte de Monte Christo et un récit plus vrais que nature. Yves Sente a su mener sa plume de façon rocambolesque et riche en rebondissements en utilisant les codes du 19ème siècle. On retrouve cette douce nostalgie d’un temps passé, la part de romantisme propre à ce siècle, les coups de feu napoléonien, les clins d’œil à Hugo et son gavroche, à Balzac et son père Goriot, aux caricatures de Daumier et toutes cette époque où la haute bourgeoisie du Duc d’Orléans, grande gagnante de la Révolution Française acquise à un Napoléon et à sa descendance fortunée partagé le pouvoir avec une monarchie de pacotille.

Et on retrouve cette approche dans les dessins de Rosinski, le célèbre et génial dessinateur de Thorgal et surtout (pour moi en tout cas) de la Complainte des Landes perdues. Loin de cet univers à l’aube des comic-fantasy, Rosinski nous dessine une bande dessinée à la limite de tableau digne d’un David. La technique est quasi identique à celle d’un peintre. La maitrise des couleurs, de l’action, l’utilisation de la gouache, de l’huile, d’un rendu picturale réaliste. Il visite tous les courants du 19ème siècle et on retrouve les touches de romantisme, de surréalisme, d’un Extrême Orient aux nus somptueux et voluptueux. C’est à la fois une bande dessinée et des planches tableaux à découvrir. Somptueux tout autant.

Un formidable dyptique alliant tous les ingrédients pour une bonne lecture.

  

La vengeance du Comte Skarbek
Yves Sente et Grzegorz Rosinski
Dargaud

rosinski_comteskarbek2

Publicité
Publicité
Commentaires
M
Wow ! C'est superbe !
A
La vache, ça donne envie de se précipiter à la librairie sur le champ !!
Publicité
Newsletter
Archives
Publicité