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Le blog du petit carré jaune
23 août 2015

"Extrêmes et lumineux" Christophe Manon

extreme_et_lumineux

« prochant prudemment de son passé tel un archéologue qui fouille et retourne la terre à la recherche de vestiges ou de menus indices, interrogeant dans un ressassement insensé les couches d’infinis trésors ou de petites reliques privées qui n’ont de valeur significative que pour celui qui les exhume » 

Que vous dire sur ce drôle de roman paru pour la rentrée littéraire chez Verdier. Une sacrée claque, une parenthèse incroyable dans l’art de lire, un Objet Littéraire Non Identifié.


Je me suis longtemps posée la question de savoir si je devais vous en parler ou non, s’il méritait que je passe une heure devant ma feuille blanche à chercher les mots, les qualificatifs pour vous en, non pas donner envie, mais pour partager une lecture qui me reste malgré toute la difficulté, l’ampleur du projet de Christophe Manon
Moi qui ne fait que des billets sur des livres coups de cœur, des livres qui frôlent l'arrêt cardiaque, je suis ressortie de cette lecture avec un gros point d'interrogation et me suis posée la question de savoir si j'avais aimé ou pas..

Je suis venue à ce livre grâce au projet de Charlotte et de ces 68 premiers romans mis en avant pour la rentrée littéraire de septembre 2015. Sans cela, je serai passée loin, très loin de ce livre à la couverture jaune et au titre si évocateur « Extrêmes et lumineux ».
Un titre comme une envie de le lire, de se dire que le parcours sera beau, ardu mais beau et  que décidément les Editions Verdier jouent sur la corde des lectures poétiques, fortes, intransigeantes.

Je me disais… je risque et j’ai osé… J’ai osé l’ouvrir et tomber dans ces lignes, dans ces mots posés bout à bout, aux paragraphes tronqués, aux syllabes décousues qui renvoie à d’autres mots. Une drôle de lectures oui, un exercice de style, un vrai défi… Et ouch, crénom, je ne sais quoi vous en dire.

Vous parler de son histoire me semble irréaliste. C’est une vraie épreuve archéologique, on fouille, on gratte, on exhume un texte, des personnages, des lieux. On ouvre cet ouvrage comme on ouvre un vieux carton qui sommeille dans un grenier. On ne sait pas ce qu’on va y trouver, lire. On découvre des photos jaunies avec au dos des inscriptions qui sommeillent, des mots décousus, des phrases alambiquées, des morceaux de récits qui semblent s’éloigner les uns des autres, se construire et se déconstruire aussitôt. Happé par les mots, on continue l’exploration, on exhume les lettres, les phrases qui ne se terminent jamais.
On déterre une histoire, on dépouille des êtres, des âmes, des accents. On entend les rires, les folies, on goûte à l’alcool qui coule à flot comme pour oublier l’enterrement qui vient d’avoir lieu, on aime, démesurément, torridement, sensuellement. On se perd dans les dédales d’un village perdu en pleine campagne, paumé au milieu d’un paysage inhospitalier, chaud, ingrat. On côtoie des personnages dont on oublie les prénoms, leurs identités. Perte de mémoire, perte de repères, perte de tout. La vie en fragment, la lecture en morceaux décousus. 

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Commencé comme une histoire sans fin, dépourvu d’une ponctuation classique, on avance comme en équilibre/déséquilibre. C’est tortueux, irrégulier, trompeur, amplifier. C’est extrême et à la fois oui lumineux, étrange, dithyrambique, audacieux. C’est un tunnel dans lequel on s’engage et on ne sait comment on va en sortir. Un cheminement poétique, solaire, astral, sidérant.

Un Objet Littéraire Non Identifié et un sacré pari de Verdier qui ose mettre un texte pour lecteur averti en avant lors de la rentrée littéraire de septembre, celle qui justement par son offre, son tempérament commercial, son amas de titre (et dieu sait qu’il y en a des bons cette année encore) terrasse le moindre livre non vendeur. Un sacré pari, « extrêmes et lumineux ». Et c’est là que l’on se dit qu’une rentrée littéraire, c’est aussi cela : sortir des chemins bien tracés et oser s’aventurer vers des lectures que nous n’aurions jamais lu. Pour cela, merci les 68 premières fois, merci Charlotte, merci Verdier.

 A retrouver chez Effleurer une ombre

Extrêmes et lumineux
Christophe Manon
Verdier

logo-68

 

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Commentaires
M
En tous cas, la couverture est très lumineuse et tu en parles magnifiquement!
E
très bel article! <br /> <br /> Merci les 68!
M
Un grand rectangle jaune pour mon petit Carré jaune.<br /> <br /> Quelle belle expérience que ces 68 premières fois.
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