Comme souvent lorsque j’ouvre une bande dessinée de la série Paul, je me retrouve illico-presto dans un univers qui me ressemble, un univers où la délicatesse, l’humour, la justesse de la vie, la douceur me font un bien fou. Paul me provoque comme des gazouillis dans le ventre, des vibratos dans le cœur, une vraie jouissance du sourire, de la douceur des petits riens et l’exactitude des choses, du nectar, du sirop d’érable, du bonheur en bulles.
Bref Paul de Michel Rabagliati, c’est Paul tout simplement. La simplicité du trait, la simplicité d’une histoire où la vie effleure à chaque case sa vérité. C’est beau tout simplement. Oui beau, dans la noblesse du mot beauté. On n’y rentre pas par hasard. On rentre dans la série parce que l’on sait que cela nous fera du bien, que la simplicité et la délicatesse seront juste les mots que nous aurons besoin au moment de la lecture.
Et moi Paul, bah il me fait de l’effet. Il est choumy. Il est tendre, un poil révolté contre l’ordre des choses et surtout il est cash, vrai, bienveillant, toujours en alerte par rapport au monde qui nous entoure. Il est bat’ le gars Paul. C’est mon choum québécois, le genre d’homme ouvert au monde, à l’écoute des autres, simple, un conteur poète à ces heures pas perdues, un p’tit boy qui nous remet sur le droit chemin de nos questionnements intérieurs (là je digresse à fond), un homme au regard compatissant sur ce qu’il l’entoure cherchant nous raconter sa propre histoire en nous mettant face à la nôtre.
Un mec bien quoi. Mon choum.
Si le titre et la couverture sont d’humeur légère et joyeuse, on devine très rapidement que Michel Rabagliati a puisé dans ses mémoires douloureuses pour écrire Paul à la pêche. On devine que le poisson ferré est aussi un symbole de la vie, qu’il ne faut pas s’arrêter à la simplicité simpliste, quasi enfantine de la couverture. Car Paul à la pêche est le plus émouvant des Paul, de la série. Il est le plus pertinent, le plus social, le plus sensible, peut-être le plus vrai dans cette série autobiographique de Rabagliati, le plus touchant aussi. Il aborde la mondialisation, la consommation à outrance, le monde du travail et surtout les difficultés rencontrées lors de la/des grossesse(s), les fausses couches, la difficulté d’être mère et père.
Je pourrai vous raconter l’histoire de ce Paul à la pêche mais je n’en ai pas franchement l’envie. Pas l’envie car cela serait comme vous faire pénétrer dans l’histoire intime que m’a narrée Michel Rabagliati. Une histoire si belle, émouvante, celle que l’on a envie de garder pour soi. Celle que l’on a envie que l’autre découvre sans lui en parler. Juste pour soi. Juste pour l’autre. Intimement. Dans la complicité du moment.
Et c’est cela qui est beau, bon. Juste cela. La simplicité d’une histoire, la vie et ses tourments, ses difficultés, les petits riens qui illuminent une journée, un moment, l’amitié qui rend les tourments plus facile à traverser, la famille avec ses failles et ses chances, le travail, les enfants…
Bref la vie. Et la pêche, les poissons, les rires, la complicité, l’amour. La vie de Paul qui est tout simplement la notre.
Paul est décidément une série que j’affectionne de plus en plus, comme un rendez vous inépuisable, de ceux qui vous font du bien, un ami que j’aime retrouver. Oui c’est cela Paul est un ami. Un ami qui se confie à nous, humble lecteur et à lequel on se confie le temps d’une lecture. C’est pour cela que je l’aime le gars Paul, mon choum.
Paul à la pêche
Michel Rabagliati
La Pastèque