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Le blog du petit carré jaune
10 décembre 2015

"Les vieux fourneaux T3 - Celui qui part " Lupano et Cauuet

 

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«  Le biouche, il l’appelle ! C’était son surnom dans le rugby, tu te rappelles pas ? Emile Carabignac, dit la buche » 

 Les vieux fourneaux sont de retour. Les tontons flingueurs  de la bande dessinée, les « rotuliers » les plus décapants sont bien présents et avec eux le flingage verbal anti-sociétal est un cadeau. Ça décape, ça dézingue, ça fouette, ça déboulonne et ça fait toujours autant de bien.  

« Qu’est-ce qu’il y a ?  Tu veux te battre toi aussi ? T’es mal tombé, mecton ! Chuis sur le sentier de la guerre et chuis chaud patate ! Tu vas… » 

Et ouais. Les vieux grincheux, les chenapans des coups tordus, les calamity jane-daltons des routes de campagne et des boulevards pavés parisiens ont décidé de nous livrer bataille et de revenir à la charge. Zygomatiques en action, prêt, feu, soyez fou, ouvrez et lisez. Mais faites gaffe, la charge est  irrationnellement bonne !

Ce coup-ci c’est au tour de Mimile de livrer à la plus grande histoire de sa vie, celle de ses retrouvailles avec son vieux pote édenté de plus 40 ans d’amitié, celui avec qui il a fait les quatre cent coups dans les terres et les mers australes, foutu le boxon dans les bars de Manille et autres territoires de l’océan Indien. C’est qu’il ne faut pas si fier au Mimile, devenu poète avec l’âge certes, mais poète des poings, poète sans peur ni reproche. Un vrai tombeur de la castagne. Mimile et son pote monté comme un meuble Ikéa. Mimile et ces histoires de marins requins. Mimile au cœur fragile et aux poings d’or.

 

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Mais cet album ne serait rien sans les deux autres compères, les deux vieux vauriens que sont l’Antoine, le syndicaliste vieux ronchon grognon et le Pierrot, manifestant notoire du groupe des septuagénaires de « sans yeux ni dieux ». Vive la révolution, vive les abeilles, vive le poing levé pour rendre la vie plus belle. C’est qu’à eux deux, ils en ont abattus des barricades. Ils en ont cassés des œufs, renversés du miel sur les têtes des plus récalcitrantes. Ils en ont fait baver au patronat et à la maréchaussée, CRS, banquiers, patrons et autres goldenboys. Plutôt crever que de se laisser rouler dans la farine par ceux qui les ont traités en esclaves.  

Et puis il y a Sophie. Peut-être le plus beau personnage de cette série, le plus délicat, le plus adulte aussi. Sophie qui doit faire face aux multiples dégradations d’une vieille bicoque trouée comme un vieux tricot mité. Sophie et sa puce, sa grenouille qui est le sourire de sa vie, qu’elle protège de ces vieux bougons jurons de grands pères du Roc. Sophie et son cœur généreux, son rêve de paix, d’une trêve des colères d’hier. Sophie et son humanité. Sophie et Berthe, sa voisine grincheuse, digne d’une Ma dalton mouton noir, Berthe, personnage oh combien haut en couleurs, et ses poules aux oeufs d'or. 

 

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Les vieux fourneaux sont toujours aussi truculents, toujours aussi insolents mais cet album « celui qui part » est peut-être le plus sérieux, le plus profond aussi.
On assiste aux vieilles querelles d’hier, voir d’avant-hier, celles qui datent d’un conflit de la seconde guerre mondiale. On ressort les histoires et elles font mal. Elles sont même terribles à déterrer. Et les vieux grognons n’en sortent pas forcément vainqueurs. Quand le passé revient en pleine tronche, ça fouette au village ! 
On entre aussi de plus en plus dans la peau de ces trois complices. Antoine est bougon encore plus que jamais, Pierrot de plus en plus révolté et Mimile cache sous ses biceps d’acier, un cœur de midinette et un cerveau effrité. Sophie, elle, prend de l’épaisseur. Son rôle devient un vrai pilier de ces vieux fourneaux. Elle incarne la raison, la sagesse, la force et l’humanité. Un beau rôle oui. 

 

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Et puis il y a tous ces personnages qui jonglent de cases en cases. Un vieil irlandais édenté qui nous apporte sa fraicheur et son corps en kit. Et surtout il y a Berthe, vieille bique de la ferme d’à côté qui sous ses airs d'ourse mal fagotée, révèle une histoire vieille de quarante ans à la vérité grinçante mais qu’il est bon de se rappeler. Un vrai bonheur cette Berthe.
Du grand art à La Lupano et Cauuet. Une grande bande dessinée qui ne laisse aucun trait blanc, remplit les cases de silence et de vérité. Vraiment de la belle qualité. Vivement le quatrième épisode qui devrait laisser la part belle à Sophie et ses marionnettes je l’espère.

Vive les vieux fourneaux et vive la révolution, les rêves et l’amitié. Vive les vieux grincheux et les cœurs tendres et généreux. On fait pas d'omelette sans fâcher les vieux ! On fait pas d'oeufs sans casser le vieux fourneaux ! Foi de poules !

 

Les vieux fourneaux
Celui qui part
Lupano et Cauuet
Dargaud

 

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Commentaires
M
Mon mari vient de recevoir le 1er tome pour Noël. Trop génial. Le scénario, les répliques, leurs gueules. J'adore et qu'est ce que je me suis marrée. Je m'en vais fissa chercher les 2 tomes suivants. Merci à Cauuet et Lupano. J'ai vraiment passé un bon moment. Et Joyeux Noël à vous.
S
Je viens de finir cet album et ai bien ri ! Ils sont excellents dans leur amitié de toujours. Et je suis d'accord avec toi, celui-ci est plus profond, plus grave mine de rien. Une très belle BD...vraiment !<br /> <br /> Et je ne sais pas toi, mais moi, ce titre et son illustration m'ont piégée complètement et je pensais que le sujet serait tout autre !
M
Génial !! Bien hâte de le lire celui-ci !!!! Merci d'avoir partagé ton avis ! On aurait pu en faire une LC si j'étais allée un peu plus vite dans mes achats... :D ;)
F
Je les bade, ces papys, je les aime d'amour ! formidables et scandaleux ils sont ;-) tout ce dont on aurait besoin là tout de suite ;-)
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