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Le blog du petit carré jaune
26 juillet 2016

"Moro-sphinx " Julie Estève

FB_IMG_1469388844945[1]« Elle renifle les parfums des corps qui rapinent l'air et elle regarde les couples s'aimer. On dirait qu'ils le font exprès de s'aimer dehors, de montrer au monde comme ils s'aiment. Elle les condamne à mort dans des phrases qu'elle murmure -Crève ! Toi et toi : tu crèves-. Alors elle vise les yeux des hommes en jouant de ses hanches et de son cul comme le pendule d'une horloge. Ils matent, toujours, sa bouche, ses seins, ses jambes, tout ce qu'ils peuvent glaner pour la baiser quelques secondes avant de s'éloigner et de glisser à l'oreille de celle à leur bras un mot doux, n'importe quoi. »

 

Moro-phinx où l’art d’écrire une histoire que l’on déteste et dans laquelle on plonge à s’en crever les yeux lorsque la nuit arrive. Un roman où l’on se prend, dès les premiers mots, à haïr l’héroïne Lola, une femme serpent, femme papillon, femme butineuse qui abat les hommes, les tue à petit feu, leurs pompe le sang, les torture à la fin de l’acte sexuel.
Lola, jeune parisienne d’une trentaine d’années qui traine son mal de vivre, son mal-être, sa solitude, ses jambes en compas et son cul comme on traine dans les rues poisseuses et des bas-fonds. Son seul et ultime but : une proie. Un homme, qu'importe l'âge ou sa beauté, qui succombera à ses charmes pervers, ses jeux sexuels. Et à la fin, le doigt, son bout, la rognure, la griffe… . Clac ! Le coupe-ongle sort. L’ongle tombe. Trophée recueilli et conservé dans un bocal, un simple récipient de verre. Mais qui est Lola ? Que cache cette figure de perverse ? Pourquoi tant de haines en elle ?

 

Putain de roman. Je me suis fait avoir. L’auteur ne laisse rien au hasard, monte en crescendo pour finir en apothéose. On déteste les personnages, on sue, renâcle à s’apitoyer sur cette femme venin. On crie au scandale littéraire, crache sur sa silhouette, espère qu’elle connaitra elle-même les sévices qu’elle afflige à ses hommes. L’amour comme une torture, l’acte comme un supplice atroce.   Jusqu’au moment où au plus profond de cet amas de chair et de sexe, Lola tombe amoureuse…

Je pourrai vous raconter l’histoire de ce roman mais bon sang cela vous empêcherez de succomber à l’écriture de Julie Estève. Elle a écrit un livre que je déteste par son histoire. Il est venin, machiavélique. On lit et il nous est impossible de le lâcher. Un kidnapping de haut-vol. On succombe au charme pervers de Lola, à ses jeux, à sa folie.
Une écriture concise, rapide, qui vous pénètre, vous triture les boyaux, vous  viole l’âme et vous envoie valdinguer au bout de la phrase en espérant qu’une chose : connaître la suite. Et je n’ai qu’une seule envie : découvrir son prochain roman. Savoir ce que ce Moro-sphinx peut entrainer dans son sillage. Bravo !

« Comment fait-on pour être seule à ce point ? Il n’y a plus d’amour, il n’y a plus de souvenirs. Comment fait-on pour vivre comme cela ? On devient un animal errant, ou un taudis, une maison à l’abandon, vide et insalubre, squattée par des fantômes qui traversent les murs. C’est insupportable d’habiter là-dedans. C’est pas humain. C’est pas humain d’avoir personne. Personne. »

 

A lire les avis qui ne sont de celles et ceux qui ont lu Moro-sphinx : Nicole (Mots pour Mots), Virginie (Lecture du mouton), Joëlle (les livres de Joelle), Merlieux (Epoustouflant), Anita (Anita et ses books), Frédérique ( oui mais…) Gloria (noir et pourtant plein de couleurs), Muriel (une belle découverte), Amélie (KO, sonné),  Adèle (pas convaincue),  Nathalie (Eiremag), Albertine (Albertine 22), Genviève (déroutant), Laure (creux et vain), Marie Laure (égocentrique et déroutant, hermétique), Meelly (meely lit).

Un billet écrit dans le cadre de l’opération menée par l’Insatiable Charlotte et des 68 premières fois, éditions 2016.

 

Moro-sphinx
Julie Estève
Stock

 

68 PREMIERES FOIS EDITION 2016

 

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