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Chère Delphine Bertholon,

  

Cela fait bientôt plus de deux semaines que j’ai quitté votre (ton) roman. Deux semaines que je cherche des mots que je ne trouve pas. Deux semaines que je cherche à décrire la force, la sensibilité qu’il y a dans votre/ton écriture, dans ce Cœur-Naufrage.

J’ai lu des blogs, de multiples articles de presse qui racontent merveilleusement bien l’histoire et ce qui en découle.
Que pourrais-je dire de plus, d’autres ? Je n’en sais rien. Je ne suis que lectrice, pas une critique, une journaliste ou une blogueuse littéraire telle qu’on peut l’entendre. Je ne suis qu’une passeuse de lectures qui m’ont secouée, émue, prise au dépourvue, fait découvrir des passages ou autres miroirs tendus. 

Comment pourrais-je alors dire que vous/tu m’as secouée, chavirée ? J’ai préféré vous/t’écrire, vous/te livrer mes émotions, ma sensibilité, mon âme en quelque sorte.  Touchée, coulée. Respire, inspire.  

Delphine, il y a chez toi un vrai regard, une immense générosité chez ceux que tu dépeins, romances. Intense et inoubliable comme l’écrit si bien l’insatiable Charlotte. Tes acteurs ne sont jamais noirs ou blancs, jamais coupables ou innocents. Ils trimballent tous leurs cicatrices, leurs brûlures, leurs non-dits et secrets comme on porte sur son dos sa carapace-protection. Mais une force réside en eux, une lumière, une insatiable envie de vivre encore plus forte. Ils ont cette capacité à nous faire aimer la vie, à croire en la résilience, ses vagues et ses couleurs. Et de cela, tu en es le maitre ou plutôt la maitresse. 

Delphine, ta plume, ton écriture est un miroir que tu nous offres, nous tends. Chez toi nul doute que les failles sont des ouvertures, des possibles, des transitions de vie. Tu sais nous embarquer, nous prendre par la main, monter, en puissance et suspens, tes mots et nous mettre KO debout dans une magnifique fin. 

Comme dans une série, tu nous embobines, exploites la veine de l’envie, du besoin. Tu nous ferres, emportes, retournes. Tu ne nous lâches pas et comme Joé (le personnage de ton roman) on attend la prochaine vague qui va nous amarrer à ton écriture. Comme Lyla (avec un y) on coule, on se terre dans une piscine sans fond. On se perd dans le regard de ces personnes qui nous mettent la tête sous l’eau. On glisse lentement en espérant ne pas y rester. On se noie. Et puis d’un seul coup, tu nous éblouies. Tu nous donnes cette respiration (respire, inspire), ce vent, cette bouffée d’air, cette envie, ce besoin de les (de nous) prendre par la main, les bercer, les envelopper d’un amour maternel, amical. 

Il faut être fragile, cabossé pour aimer tes livres. Il faut savoir que la vie n’est pas qu’une plage où les surfeurs voguent sur le sommet des vagues qui peuvent être de fond, des baïnes. Il faut comprendre qu’en chaque femme, un être sommeille et qu’il deviendra elle. Il faut savoir lire entre tes mots, tes phrases, savoir voir les fragilités, les émotions comme bases de tremplin.

Ils sont beaux tes êtres de coton, tes êtres de sable. Ils sont humains. Ils aident à devenir quelqu’un, nous ou un autre, mais surtout soi. C’est peut-être cela qui fait que te lire nous transporte, nous chavire. C’est peut-être cette immense humanité, cette générosité, cette fragilité et simplicité qui fait que ton Cœur-Naufrage est une ile, un radeau, une plage qui respire la vie, la lumière, ton regard, ton écriture.  

Dans un autre billet lu chez Stéphie, il est dit que tes mots sont les nôtres, tes histoires deviennent nous. C’est cela oui. Ton écriture est un miroir dans lequel le monde, le notre, se mire. Loin de nos courants, tu écris l’universalité. Tu écris la souffrance, la douleur, les défaites et les victoires même infimes, petites. Tu écris le souffle et le soleil, « cette envie de panser les blessures et d’avancer. Cette force d’admettre le poids de notre passé pour ne pas nous empêcher de cueillir tout ce qui encore à prendre. Mais aussi de se libérer du poids des non-dits » (Stéphie – mille et une frasque). Elle est belle ton envie, ta victoire Delphine.  

Elle est belle ton histoire. Elle est forte et sans transition. Elle est victorieuse et quotidienne. Elle est nous, moi, toi, une femme, Lyla (avec un y) ou Joé ( Joris, cœur-naufrage si il en est).  

Peu ont une écriture comme toi. Peu écrivent les funambules de la vie aussi bien que toi. Peu savent nous susurrer à l’oreille nos cicatrices et nos résiliences. Peu savent maitriser le suspens, la montée en puissance, le sombre, la lumière. Peu savent écrire entre « gris clair et gris foncé » (petit clin d’œil), enjoy the silence

Peu et à la limite qu’ils soient peu ou beaucoup, tu es toi. Delphine Bertholon, une grande auteure où le talent devient de plus en plus palpable.  

Merci Delphine. Merci.
Rendez vous au prochain virage, au prochain gadin, à la prochaine lumière, au prochain roman.

 

Cœur-Naufrage
Delphine Bertholon
JC Lattès

Radiohead - Creep