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Le blog du petit carré jaune
26 août 2017

Erwan Larher " Le livre que je voulais pas écrire "

 

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« Je suis un romancier. J’invente des histoires. Des intrigues. Des personnages. Et, je l’espère, une langue. Pour dire et questionner le monde, l’humain. Il m’est arrivé une mésaventure qui est une tuile pour le romancier qui partage ma vie : je me suis trouvé au mauvais endroit au mauvais moment ; donc lui aussi. »

Certains romans ont le goût de l’impossibilité à « chroniquer », à révéler leur détail, leur histoire, tout simplement parce que l’on éprouve cette intime intimité d’être dans ces pages, de se retrouver au sein d’une histoire à laquelle nous n’aurions pas voulu être liés. Un livre que nous n’aurions pas voulu lire d’un auteur qui, à l’origine, ne voulait pas l’écrire.  

Certains trouveront cette approche mystérieuse, perplexe et se dirigeront vers l’ouvrage dans l’unique but de satisfaire une curiosité, un voyeurisme certain sur ce jour où une partie de la vie de l’auteur et la notre, par voie de fait, a basculé.
Ceux là sans trouveront décontenancés par l’écriture et la vision d’Erwan Larher. Ceux là découvriront aussi ce qu’est une écriture, un romancier, quelqu’un qui avance cheville au corps, incertitude aux tripes. Ceux là comprendront ce qu’écrire veut dire, révéler d’un monde qui avance dans un univers inconnu.
Ceux-ci percevront qu’au-delà d’un sujet que certains ont abordé d’une manière individuelle, sous le prisme de leur état personnel, parler de ce fameux vendredi 13 novembre 2015, ce jour où le Bataclan est devenu, en une soirée, un lieu où l’Histoire avec un grand H a rejoint notre histoire intime, nous conduit à redéfinir nos frontières, agrandir notre vision, faire place à des questions sur notre façon d’entrevoir le monde, la politique, les faits du temps et de sa portée.

Erwan Larher. « Le livre que je ne voulait pas écrire ». 

Erwan Larher, un écrivain pas comme les autres, ou du moins si, mais avec cette particularité que ce qu’il écrit me touche par sa dimension universelle et les questions qu’il en tire, sa dimension humaine surtout, cette générosité qu’il camouffle derrière une écriture extrêmement  maitrisée, recherchée, infaillible, à la limite d’une poésie qu’il aimerait pouvoir écrire peut être plus « mécaniquement ». Un auteur qui sait ce que le mot veut dire, le verbe exprimer, les compléments embellir ou diriger. Une écriture qui nous emporte non pas dans de grandes volutes ou éloquences, mais sur un vrai territoire, un terrain, une dimension bien définie. Un écrivain au crayon, à la rature, à la correction. Un écrivain sans aucun doute.  

« Tu as plus de courage que tous les oiseaux réunis ».  

Je pourrais vous parler de ce roman que je range soigneusement aux côtés de ceux qui me sont chers, ceux qui parlent d’un caillou, d’une course après les ombres, de polaroïds ou encore de certains de mes romans suisses préférés, ou d’autres qui ont connu une fin tragique mais demeure dans mon histoire, un bouleversement, une lumière, une avancée. Car à quoi servent les livres, à quoi servent les auteurs si ce n’est ce qu’ils écrivent, nous ouvrent des chemins, des univers, des possibilités insoupçonnées. Ecrire c’est donner. Ecrire c’est permettre. Ecrire c’est naitre, autoriser.  Et lire ces auteurs est donner naissance à leurs mots, leurs apporter ce souffle, donner la lumière à nos besoins. Ecrire et lire, deux mots intimement liés comme l’est cette lecture, ce livre dont je n’arrive pas à vous parler. Et pourtant. 

« Tu écoutes du rock, bande-son de ton esprit tourmenté. Tu as cette musique, entièrement, elle te constitue, ce que les adultes et la plupart de tes condisciples ne comprennent pas, eux pour qui la musique n’est qu’une distraction, un arrière plan, un agrément sonore, décoratif.  […] Le rock, porte d’accès à des mondes invisibles, révélateur des volutes de l’âme, ferment de l’imagination, comme les mots. […] Tu écoutes du rock, la musique au centre de tout avec la poésie. […] Le rock. Un exutoire pour l’enfant sage et obéissant que tu es, pas transgressif pour un pound, passé à côté de la crise d’adolescence. » 

Je transgresse. Je fais tout pour ne pas disserter sur ce livre, mais vous donner envie de le lire, de découvrir l’écriture de cet écrivain. Je m’éternise autour des mots, je me perds dans des schémas comme on se perd volontairement dans les labyrinthes afin de ne pas trouver l’issue trop facilement, rapidement. Je me perds pour vous trouver, trouver le chemin qui vous mènera à lire ce récit d’une nuit sans fin, sans nom, mais pour laquelle je n’ai jamais oublié (et que je n’oublierai jamais) combien le mot solidarité et amitié à rempli mon cœur. Cette nuit où nous nous sommes tous appelés Erwan Larher. Cette nuit où nous étions tous munis de tiags, écoutions du bon gros son et tenions dans nos mains jointes celles d’Erwan. Pour cette nuit où nous nous sommes tous empêchés de penser qu’il ne pourrait plus être là à rire, sourire de malice, de générosité, à écrire encore des Marguerite, des Mâles abandonnés, des Qu’avez-vous fait de moi ou encore d‘autres Autogénèse. Un homme qui bâtit des cathédrales de mots et de pierres.
Je dérive oui, je le sais. Cela est si simple lorsque l’on ne sait plus comment vous dire qu’il faut absolument lire « Le livre que je ne voulais pas écrire », comprendre qu’au-delà de cette fameuse nuit, il y a des questions, un univers, des hommes et des femmes qui vivent, se réveillent, chantent, dansent ou donnent la mort mais que tous, derrière leur masque, sont des êtres humains. Tous ont un cœur qui bat au rythme de la pulsion qu’ils transmettent.  

Sans doute que je ne saurai jamais écrire sur ce récit parce qu’il touche à l’intime, le mien. Mais que vous soyez simple quidam, lecteur, rockeur ou voyeur, humain… achetez ce livre, offrez le et bon sang si vous pleurez, riez, souriez, avez le cœur gonflé ou gros lors de sa lecture, c’est que vous aurez compris qu’Erwan Larher est un écrivain et qu’il a toute sa place dans le panthéon de la littérature, en tout cas dans le mien. Et s’il vous vient l’envie de bâtir vous aussi des cathédrales, le logis du musicien vous attend. Les truelles et les  livres sont déjà là pour aider à construire un monde avec des lendemains. 
 

« Je n’ai pensé à personne.
Puisé de courage dans aucun amour, aucune amitié. Pas puisé de courage. Pas eu besoin.
Je ne me suis pas dit qu’il fallait que je tienne bon pour telle ou telle raison. Je ne me suis pas dit qu’il fallait que je tienne bon. Ni que je m’en sorte. Je ne me suis pas accroché à la vie.
J’ai subi.
Je n’ai pas prié, je ne me suis pas promis de devenir meilleur si je m’en sortais, je n’ai pas sangloté, je ne me suis pas apitoyé sur mon sort ni lamenté.
J’ai attendu.
Je ne me suis pas demandé si on s’inquiétait pour moi à l’extérieur. Je ne pensais pas à l’extérieur. Pas du tout. J’étais entièrement sol poisseux de sang, entièrement hémorragie, entièrement mains agrippées à mes chevilles, entièrement au présent, entièrement animal, entièrement corps meurtri contre une barrière métallique. Entièrement caillou, puis entièrement attente.
Je me suis rendu compte seulement deux jours après que des gens s’étaient alarmés pour moi. Alors que moi, je ne me suis pas du tout alarmé pour eux. Depuis j’en ai honte.

J’ai découvert tout cet amour. Il a fait dévier la trajectoire de la balle, n‘essayez pas de me prouver le contraire. »
 

A lire la très belle chronique de celle qui fut à mes côtés cette nuit là (enfin je ne compte pas tous ceux qu’Erwan cite. On était une ribambelle à lui souffler dans les bronches qu’il n’avait pas intérêt à nous lâcher). 

 

Le livre que je ne voulais pas écrire
Erwan Larher
Quidam Editeur

 

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Commentaires
F
J'ai tellement aimé cette Marguerite :-p <br /> <br /> En commande, il me faut jjuste aller le chercher et l'avaler tout cru héhé<br /> <br /> Bisous demoiselle (et divines vacances !)
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