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Le blog du petit carré jaune
13 décembre 2017

Phicil et Drac "Le petit rêve de Georges Frog"

 

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Georges Rainette, petite grenouille française au teint vert-clair de lune, n’a qu’un seul rêve. Devenir musicien de jazz mais n’importe quel jazz, le jazz des plus grands, celui des Ellington, des Basie, CallowaY ou encore Bud Powell,  Dizzy Gillepsie ou Coltrane. Celui qui a une âme, transporte des émotions, n’est pas qu’une pâle imitation du jazz traditionnel, paillette, orchestre et flonflons.
Georges veut être  pro, monter sur les plus grandes scènes et arpenter les routes avec son piano parlant, son Band, devenir the numbe-one, la seule rainette grenouille capable de jouer comme ses héros, autre chose qu’un vulgaire joueur de jazz blanc, une énième réplique d’un maudit petit pianiste du Cotton club ou du Palace.
Bref Georges Rainette veut être aussi fort que le bœuf de ses rêves, Count Basie en chair et en cornes.
Avant d’arriver à cette célébrité, Georges doit arpenter les trottoirs et autres endroits glauques et crapuleux d’un Chicago StLouis New York New Orléans. Armé de ses compositions et de son rêve, il se met en route pour la gloire et la célébrité.
Le chemin est long, semé d’embuches, d’amour et d’alcools frelatés, de famines et de ventres affamés. La victoire est périlleuse mais rien n’arrête la détermination et l’envie folle, tenace d’y arriver, de partir à la rencontre d’amis aussi fauchés que lui, de connaitre son premier chagrin d'un grand amour, se prendre des revers et se poser mille et une question, endosser des costumes de couleurs ou gris, composer encore et toujours sur son vieux piano jazzy.
Mais au détour de sa route d‘un jazz swingant, nouveau, il peut compter sur l’amitié de Harry ou encore son voisin lapin vendeur de carottes Benny, de Cora ou de la douce et aimante Rose.
 

 

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Le petit rêve de Georges Frog de Phicill et Drac est une belle histoire  d’amitié, d’amour, de passion, de doutes sur le jazz et la vie. Il se rapproche pour cela de l’univers de Renaud Dillies et son formidable Betty blues ou encore Loup. Mais contrairement à Renaud, Phicil utilise un univers visuel, architectural très prononcé.
Ainsi on entre de plain pied dans une ville peuplée de grattes ciel géant, d’un vieux tramway nommé désir brinquebalant, de vieilles bicoques qui ne tiennent on ne sait comment. Ils créent une atmosphère, ne nous épargnent pas la crise de 29 et ses désespoirs humains, ses rêves et espérances.
Le trait est fin et à la fois ils caricaturent le monde animal, les multiples détails des fables d’un La Fontaine version bee-bop et swing jazz noir trash. Le brassage culturel et économique fait foi. Les couleurs nous renvoient à un monde passé, mi sépia, mi une Amérique puritaine enfumée des clubs de Harlem. On s’attendrait presque à voir un Al Capone débarqué au détour d’un virage ou d’une case bulle. Il y a du son, du swing, des allers-retours entre une richesse et une pauvreté, la solidarité des plus démunis et la face retord des plus riches. C’est sombre et à la fois lumineux, chaleureux, efficace et maitrisé, sans temps morts. 

 

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Phicil et Drac n’hésitent pas à montrer le racisme sous jacent anti-noirs, la cupidité, la cruauté entre les êtres, la condition difficile de ceux qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts et sont jetés dehors sans autres choix que de trouver refuge au fond d’un hangar et se nourrir de trois fois rien trouvés au détour d’un trottoir.

Et pourtant dans ce noir extrême, ils tracent l’envie, dessinent l’espoir, forcent le trait de cette grenouille qui aimerait se croire aussi grosse qu’un bœuf. Ils brossent ce rêve américain, cet american dream qui sommeille en chacun de nous. Et je défie quiconque de ne pas avoir envie à la fin de la lecture (et même pendant pour ma part), de ne pas se mettre un bon vieux 33 tours éraillé d’un jazz band fumant des années 30, d’un Count Basie, Charlie Parker ou un Fat’s Domino bien chaloupé. 

A vos bulles, à vos vieux disques… Georges Frogg et une sacrée bande dessinée qui en dit bien plus sur l’histoire du jazz et des States que tous les vieux ouvrages. Il sent le whisky, cet air qui swingue, la misère et les rêves of blues d’une variation improvisée.

 

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A retrouver chez Mo… Découvrez toutes les bd de la semaine chez Noukette. 

 

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Le petit rêve de George Frog
Phicil et Drac
Editions Soleil

 

COUNT BASIE Swingin' the Blues, 1941 HOT big band swing jazz

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Commentaires
N
L'histoire me tente beaucoup, les illustrations... un peu moins.
C
Qu'elle m'a l'air bien cette BD !
N
Tu es une tentatrice redoutable.
B
Waouh! Comment résister après une telle chronique?!
A
Tu donnes envie et je suis sûre qu'effectivement la musique est là... quand on lit cet album !!
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