PolaroïdS "L'un ne va pas sans l'autre"

Il y a une ampleur qu’elle n’atteint pas.

Jamais. 

Elle dit, je suis comme une enfant qui ânonne l’histoire de sa vie. Ses mots sont des avions en papier mal pliés. Condamnés à l’écrasement sur le bitume. 

Elle voudrait.
Toujours elle voudrait, mais rien ne vient.

Le réel est un caillou sous son pied et sa chute est sans fin. 

Elle dit, il faudrait peut-être, sans doute, pourquoi pas. Manger bio. Méditer tous les matins. Ou seulement se dire que ce n’est pas possible. Etre réaliste. Point.
Elle ne sait pas faire ça.
Ce n’est jamais assez. Il lui manque quelque chose. Elle ne sait pas quoi. Elle dit, je ne veux pas être la poule sans tête qui galope dans la cour de la ferme mondialisée. Volatile condamné. Servi rôti entre la mayonnaise huiledepalmée et les haricots verts irradiés. 

Elle dit, laisse tomber.
Va plutôt planter tes mains dans la terre. Creuser des sillons, jeter des graines et prendre le temps de les regarder pousser. Va plutôt ailleurs que là où tu es. 

Et puis tape sur des bidons rouillés. Fais du bruit. 

Dérange le monde qui cloche. 

Tape. Cogne. Dézingue. Pulvérise. 

Empêche de dormir tous ceux qui. 

Utilise ta bouche, tes mains, tes pieds et danse. Froisse l’air. 

Crée l’espace de ta propre existence. 

A tue-tête chante. 

Elle dit, entre nous il y a tant de mots comme des fils qui nous relient.
Elle n’a pas encore la parole, mais déjà une idée du refrain.

L’un ne va pas sans l’autre. 

Ce texte est le fruit d’un jeu de ping-pong créatif, entre Gwenaëlle Péron et moi-même. Elle écrit un texte, je lui réponds en photo. Je lui envoie une photo, elle me répond par un texte. Et nous publions ensemble le fruit de notre échange. Voilà l’idée de départ. Après tout est possible…

PolaroïdS
L’un ne va pas sans l’autre