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Le blog du petit carré jaune
5 décembre 2018

Michel Plessix - Le vent dans les saules

 

Couv_931

« C’était un bel après-midi d fin d’automne. Un froid sec venait griffer les bonnes joues de taupe. Il n’avait jamais vu la campagne ainsi. Il avait l’impression de découvrir des choses. Les vallons, les taillis, jusqu’ici si secret lui offraient alors leur intimité les plus cachée. Plus questions de colliers de liserons, ni de maquillage de fleurs et de feuilles. La nature s’offrait à lui. Nue. Pauvre. Vraie. »

 

Dans le printemps renaissant, la nature s’éveille, généreuse et bienfaisante. Elle s’offre, se dénude, se rhabille tout doucement. L’air est doux et embaume de ces pétales et pistils dorés, l’humeur hivernale refroidie. C’est si bon de découvrir, de sortir de son terrier, de son trou creusé tout au long de ces mois rigoureux et frileux, ensommeillés.
Quel bonheur de sentir l’aube et ce doux appel, ce bel appel de la rivière, de la forêt, des amis rencontrés, de fouler de ses pieds, pattes, museaux l’herbe fraiche, s’aventurer vers le Bois Sauvage, ce bois qui n’est autre que le repère d’un monde où la quiétude et le bonheur sont les maitre-mots du lieu, d’un lieu surnommé le vent dans les saules, un lieu où seuls le vol des libellules, les bruissements de la rivière, la parade nautique d’une loutre et sa grande famille, la chaleur humaine du rat d’eau, la sagesse et l’intelligence du blaireau, la générosité et le courage d’une toute petite taupe donnent envie juste un instant de s’y arrêter, de longer la rivière, de trouver un endroit où il est possible de mettre les âmes à l’abri et la poésie dans sa besace. Un lieu où rien n’est plus fragile et gracile que le beau, le tendre, le simple et le vrai.
Comme la nature sans maquillage, sans tralala ni superflu. La nature et son Bois Sauvage, son eau tranquille et au loin derrière les maquis, les ronces et autres herbes frontières, un territoire sauvage : celui des hommes.

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Le vent dans les saules. Comment ne pas être conquise par tant de beautés, de richesses et de douceurs, de poésies. Comment ne pas se sentir habitée par ces personnages tous plus réussis les uns que les autres, tous croqués par le génie d’un grand Michel Plessix qui décidément manque prodigieusement à la poésie graphique bullesque, à la philosophie humaine qui retranscrit si bien un grand classique de la littérature d’outre manche. 

On entre dans cette superbe adaptation par la douceur d’un printemps renaissant et on traverse les saisons, les années, les jours en compagnie de l’amitié, la générosité et la solidarité qui unit ce petit monde de la rivière et de la forêt.
Le trait de Michel Plessix se fait magie, un poil sorcier, un poil malicieux et garde sa fidélité et généroité au roman de Kenneth Grahame, si porteur et simple. On traverse les époques, on épouse les personnages, le trait fin, délicat, bucolique et follement poétique de Plessix. On est tour à tour emporté par la magestuosité des lieux et le fourmillement de détails d’un coin qui se détache de la planche. 

Comme à son habitude, Michel Plessix nous couronne d’un dessin des plus basiques en terme de littérature enfantine, quasi nostalgique, pour en faire un chef d’œuvre, une ode à l’amitié, à la douceur et la poésie. Chaque couleur déposée est un coin où on aimerait venir se poser, une lumière d’un petit paradis que l’on n’ose plus dénudé. Tout est fin, tendre, chaud, doux, délicat et recèle de mille et uns détails tels une peinture digne d’un orfèvre, redonnant un coup de jeune à ces vieux albums. Comme cette âme qui est en nous, un bout de se qui nous bâti, nous construit sur lesquels on aime revenir, s’appuyer, redécouvrir sans cesse, relire. Comme un rendez vous, une ode à notre enfance, à la beauté, au silence et la simplicité.

C’est tout simplement beau. Et quand le beau touche autant, il nous reste comme un regret infini de ne plus pouvoir dire à ce maitre qu’était Milchel Plessix, un merci. Merci d’avoir su par sa main gauche, sa patte nostalgique, dessiner un monde dont la poésie et la simplicité sont un foyer où il fait bon se reposer, venir, se retrouver. 

« Il faut de tout pour faire un monde. Nous vivons tous grâce à et pour les autres. »
 

Et relire l’hommage émouvant de Jérome au Maitre (merci Jérôme de m’avoir mis le vent dans les saules sur mon chemin) - Les Bulles de la semaine sont à retrouver chez Noukette

 

Le vent dans les saules
Michel Plessix
Delcourt

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Commentaires
S
Une douceur et une beauté qui me tentent !
K
J'adorais la série à la télé... et le roman. Le trait me plait tellement que je vais avoir si je ne la trouve pas quelque part. Et vite.
C
Jamais lu cet auteur... J'ai vu quelques planches lors d'expositions, mais jamais lu d'histoire complète... Une bonne résolution pour 2019 ?
J
Un grand classique de la BD à découvrir si ce n'est pas encore le cas.
A
On sent beaucoup de tendresse dans ton billet, tu donnes envie de lire cette BD.
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