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Le blog du petit carré jaune
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6 juillet 2013

Mélanie RICHOZ " Mue"

Vous parlez de Mue ne va pas se faire sans y laisser de moi, tant ce petit et court roman est venu me chercher au plus profond de mon âme, au plexus, dans tous les recoins de mon corps. Il s'est infiltré sous mes cicatrices, mes plaies et je l'ai lu comme assise sur le bord d'un ravin, en apnée, avide de cette sensualité découverte au fil des mots. Ce roman je l'ai caressé des yeux, couverture rouge baiser, rouge désir. Il m'a bouleversé, retourné, ensorcelé, envoûté... J'ai succombé. Mue et moi, c'est une histoire d'amour. Mais Mue ce n'est qu'un roman et là est sa puissance. Là est la puissance de celle qui l'a écrit. Pour cela Mélanie RICHOZ... merci !

 

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Mue est l'histoire d' "un homme qui se réveille un matin et découvre un piano à queue dans son salon " (dixit l'auteure). Voilà le départ... Un homme que nous avons furieusement envie d'égorger tant il peut paraître abjecte dans son désir d'aimer, de jouir du corps des femmes, de les baiser et de les laisser là sur le carreau de la salle de bain ou des toilettes. Là juste après l'acte sexuel, bestial. Un homme dans sa toute puissance de son désir de mâle. "...les femmes, j'en baisais par paquets. De la baise mécanique. De préférence par derrière. Afin d'éluder leur regard qui bave l'inassouvissable besoin d'aimer, leurs mots muets qui quémandent et précèdent le besoin de parler. [...] Les femmes sont pitoyables ! "

Ce mâle c'est Jean, éditeur de père en fils. Jean sans scrupule. Jean ce misanthrope. Jean, un homme qui n'aime qu'une chose : l'impersonnalité des chambres d'hotel qui lui "permet d'être quelqu'un d'autre. Ou peut être vraiment soi.". Jean qui n'aspire qu'au rapport unique, au sans-lendemain, les sans-tabous, les liaisons où tout est permis, tout est jouissance, mécanique, mais puissance. " Éphémère, atemporelle". 

Et il y a Lucie... Ah Lucie... Lucie, une belle de nuit. Une " ventouse à aimer ", un tourbillon. Lucie pour qui l'amour ne se résume pas qu'à l'acte sexuel. "Faire l'amour de manière universelle [...] j'ai besoin de rencontrer ; chaque rencontre est un nouveau sillon dans mon histoire qui donne du sens à l'instant et qui fait que je ne suis plus tout à fait pareille après". Lucie, sensualité à fleur de peau, un corps qui aime, qui s'abandonne au désir. Lucie qui n'a pas peur que d'une chose  : la peur d'être enfermée dans les attentes de l'autre, d'être éteinte et de mourir dans l'autre, son Immortelle angoisse. Lucie et cette urgence à vivre, cette lumière au bout du tunnel, ce besoin de " sentir le monde, le percevoir, s'y reconnaître et le traduire. Pour vibrer avec lui. Pour partager ce qui ne se dit pas".

Bref Jean et Lucie sont fait pour se rencontrer, s'aimer d'une façon torride, jouissive, ardemment. La rencontre se fait à l'hotel de la Cigogne, tout un symbole. Jean est happé par cette réceptionniste, qui d'un doigt, effleurant une page, cavalant sur les mots d'un livre, lui procure frissons, désirs. Jean ne vit que pour cet index, irraisonnablement. Lui qui domine devient dominé. "Les livres à la place des armes".

Et le piano dans tous ça... Je vous laisse découvrir le pourquoi de cet instrument, le pourquoi de cette présence. 

 

Parce qu'il a des romans où le besoin vital de le lire et de le relire est primordial sur les sentiments et émotions qui jaillissent. Parce que Mélanie RICHOZ a une plume et une sacrée plume... parce que les mots jaillissent, tapent, éclaboussent, s'infiltrent sous les plis du coeur, tambourinent l'âme, ensorcellent les oreilles, captent le regard. Mue est du grand, très grand roman... Du grand Mélanie RICHOZ, slameuse de l'âme et poétesse des mots.   

 

Ce roman je l'ai lu avec une amie... Et pour cela Séverine ce fut un réel bonheur de pouvoir échanger nos avis via les textos, les réseaux sociaux, les coups de téléphone. Mélanie [...bah oui quoi je crois qu'après avoir lu Mue, on peut se tutoyer non, ah c'est déjà fait !] ton livre... ce fut un délice d'en parler... Et je peux même te l'avouer, il nous a mise à nue... Une vraie mue (mais bon c'est une image bien sur). Et juste pour le plaisir... "Tourterelle", promis on refait lecture commune !

 

Donc, allez faire un tour sur le blog de Blablablamia... vous comprendrez pourquoi Mue nous a envouté toutes les deux et sur les quotidiennes, billets d'humeurs bourrés de poésies signés Mélanie RICHOZ. 

J'allais oublier... Lucie... Merci (et pour beaucoup de choses parce que Mue restera lié à une sacrée histoire d'amitié aussi) : les facéties de Lucie

 

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Edward HOPPER, hotel room, 1931.

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Commentaires
S
je viens de terminer la lecture de "Mue"; et là grand blanc ! je ne sais pas trop quoi écrire....tout d'abord j'ai été un peu dérangée par le style d'écriture (phrases très courtes, saccadées voire cassantes) qui donne un rythme particulier au roman, une recherche de quelque chose à toute vitesse, une recherche vitale...j'ai aussi un peu été dérangée par certaines tournures de phrases et un langage un peu "cru" avec l'utilisation relevée du mot "con" à de nombreuses reprises mais .....la construction du roman est très intéressante (1 chapitre pour l'home, 1 chapitre pour la femme) et reprend parfaitement le parallélisme de leur vies respectives, de plus j'ai parfaitement réussis à imaginer visuellement les scènes décrites....<br /> <br /> Auteure qui a effectivement une plume bien particulière
G
Un billet vraiment convaincant qui donne envie d'en savoir plus sur cette auteure.
L
merci pour cette repro de hopper, j'aime lire ce que tu as ressenti, ce roman m'a pris au ventre, je suis heureuse qu'il t'ait touchée.
S
Oh oui une bien chouette expérience que cette lecture commune! Vivement la prochaine et encore une fois, très beau billet madame! :-)
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