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Le blog du petit carré jaune
29 mars 2013

"L'abandon du mâle en milieu hostile" : roman explosif de Erwan LARHER

Ce roman, « il va bien falloir que j’en parle »…. Oui il va bien falloir car il est tout simplement somptueux, arrachant, violant, fébrile, nécessaire,explosif, noyant, captivant…  

Cette petite phrase, je l'avais écrit à Erwan Larher juste à la fin de la lecture de son roman "L'abandon du mâle en milieu hostile". Happée, tourmentée, explosée, oui je l'étais assurément. Et je ne pouvais écrire trois mots à la suite sans repenser aux chroniques de l' Insatiable Charlotte, de la bien nommée Facétieuse Lucie et de la lectrice du bout du monde Clara et ses mots. Elles m'avaient, par leur plume, donnée une envie irrémédiable de lire ce roman. Pour cette bombe, cette explosion, cette émotion ressentie à la lecture de "abandon du mâle en milieu hostile", je vous en remercie.

 

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«Je te haïssais. Avec tes cheveux verts, sales, tu représentais tout ce que j'exécrais alors : le désordre, le mauvais goût, l'improductive et vaine révolte juvénile. Tu malmenais ta féminité dans des bardes trouées, des guenilles comme jetées au hasard sur ton corps. Si tu avais été ma soeur, papa t'aurait reniée. 
J'aurais voulu te voir traînée par les cheveux hors des salles, sous les injures, et rejetée au loin, loin de mon monde ; j'aurais souhaité te voir lavée à grande eau dans la cour et tes nippes brûlées dans un grand autodafé ; j'aurais aimé... Mais rien. Rien que tolérance démocratique et muette réprobation. J'enrageais.».

Pour une entrée en matière, Erwan LARHER commençait fort. Une histoire d'amour :... 2 jeunes gens se rencontrent au détour d'une salle de classe au début des années 80. Chose somme toute banale... Une histoire d'amour, une romance, un roman d'amitié chabadabada, comme le dit si bien Lucie. Cela aurait pu s'arrêter là. Mais dans la désinvolture, la révolution politico-culturelle, le bouillonnement des années 80, cet amour est tout autre chose.
Elle (nous ne saurons jamais son prénom, elle restera l'énigme, le secret, l'anonyme, la bombe de ce roman), jeune fille au cheveux verts, fantasque, rebelle, révolutionnaire, visionnaire. Lui, jeune fils à papa, de la bourgeoisie locale. Tout les oppose : idées, éducations, profils, musiques, vies, amitiés ... Tout sauf l'irrémédiable attirance, enfin surtout lui pour elle, cette envie folle de suivre l'autre au bout du monde et cela quelqu'en soit le prix, quelqu'en soit le fil de la vie. 

"L'homme est docile, il s'adapte à tout. il se ment et se renie avec un facilité dérisoire. Il ne connaît pas ses limites de sa volonté de vivre, de son égocentrisme. Les individus passent leur temps à s'inventer, à se définir, à se proclamer, mais rien du bel édifice qui soit modifiable avec toujours des excuses, des prétextes en stock"

" La tactique de la distance méprisante avait fait son temps. D'ailleurs plus question de tactique : j'avais échoué à réguler mon attirance ; j'étais échoué sur ton rivage. Noyé dans mon naufrage, le fantasme du rédempteur, alors que j'avais été jusqu'ici toujours, à la barre, louvoyé avec habileté entre les récifs des pulsions, évité les courants émotionnels."

A la lecture de ce roman je n'ai pu m'empêcher de penser à cette phrase de Alain AYACHE :"Nous sommes des funambules sur un fil, même lorsque nous croyons marcher sur la terre. Si tu as cette image à l'esprit, tu ne perdras jamais ton équilibre" . Comme c'était un leurre...
Erwan LARHER a commis  un attentat littéraire, une explosion. Comme Charlotte, j'ai lu en apnée, j'étais subjuguée, mise à nue, captivée avec cette impossibilité de laisser ce roman. Transpercée, mon armure de combattante était tombée. Fragiles cicatrices ré ouvertes...

 

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crédit photo : Dorothy Shoes

Erwan LARHER, vous m'avez touchée, Erwan LARHER vous m'avez coulée.
Il y a des romans qui nous sont difficiles à décrire. Il y a des romans qui sont difficiles à parler. Il y a des romans qui nous renvoient à des années oubliées, occultées, à nos "moi".
Il y a des romans qui nous ébranlent. Et il y a des romans qui faut aimer, ré-aimer. Il y a des romans qui nous obligent à nous questionner, nous redresser. 
Et il y a ce roman "L'abandon du mâle en milieu hostile" qui nous chavire, nous abîme, nous habite, nous dévoile, nous oblige à regarder notre amour d'une façon différente ("connaître l'autre" en sommes-nous vraiment certain ?..), à nous aimer, à nous relever, à croire de nouveau en nous, en l'autre, en l'homme.  

Ciselé, épuré comme taillé dans la chair, ce roman est une gifle, un uppercut, une droite... Il est magistral. 

 

L'abandon du mâle en milieu hostile
Erwan Larher
Editions Plon

 

 

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Commentaires
S
Noukette urgence est le mot qu'il convient... Je n'ai pas eu assez de post-it pour le marquer de façon indélébile... A écouter avec en fond sonore Alex BEAUPAIN "avant la haine, avant les coups"
N
Alors là comment dire... Il me le faut d'urgence !!
C
La lectrice du bout du monde confirme que ce roman est beau !
L
""connaître l'autre" en sommes-nous vraiment certain ?" Ta phrase m'interpelle...on cherche en l'autre ce qui nous ressemble, un miroir, on creuse autour, oui, mais un mystère demeure toujours et quand il n'est plus, quand on l'a levé alors on change de chemin pour défricher un autre terrain...contente que ce roman t'ait plu, cette écriture tourmentée m'a remuée.
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