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Le blog du petit carré jaune
22 novembre 2017

Jérémy Moreau "La saga de Grimr"

 

Saga-de-Grimr

« Les islandais sont les plus courageux des hommes. Et la preuve en est qu’on habite depuis des générations sur l’ile la plus dangereuse du monde. Nous habitons sur un monstre, Grimr ! Un monstre qui a le feu au ventre ! »

Rien ne présageait la destinée de Grimr, rien ne présageait le destin de cet enfant survivant d’une coulée de lave, de la folie furieuse d’un volcan entré en irruption et ne laissant aucune chance à ceux qui croisaient son chemin. Cet enfant à la tignasse rousse, au corps démesuré, à la force surhumaine semblant sortir des forges, du ventre de Vulcain. Rien ne prophétisait que sa vie ne serait que courage, force, qu’elle dépasserait tout ce que l’on peut imaginer, vivre ou même subvenir à un homme. Rien. Même pas les plus grands mages, sorciers ou prédicateurs, historiens. Une vraie saga, une odyssée, une histoire-légende-conte comme aiment les raconter nos ancêtres à la veillée.

Grimr un nom comme un grincement de dents, une force, un cri, un grognement venant des entrailles de la terre. Grimr comme la dureté et l’âpreté de la vie, la faiblesse des lâches et le courage des valeureux. Grimr comme un roc, un colosse, un héros vivant sous le joug des tyrans danois, de la famine et la pauvreté extrême, de la sauvagerie d’une époque qui ne laissait aucune chance à la vie, à l’amour, à l’abandon de soi. Grimr comme le danger qui guette, comme le chagrin, la souffrance, les larmes qui coulent lorsque la vie ne laisse aucune chance. Grimr comme une saga, comme la terrifiante et magnétisante Islande perdue au milieu de l’océan sous des latitudes de glaces et d’immensités grandioses.

« Meurent les biens, meurent les parents. Et toi tu mourras de même. Mais je sais une chose qui jamais ne meurt. Le jugement porté sur chaque mort. Grimr, ce fil tendu entre le début de ta vie et la fin de ton existence, c’est ton champ d’action. Après c’est fini.»

sagaDeGrimr-4

Jérémie Moreau nous entraine de nouveau dans une vraie aventure hors du commun, dans la somptuosité et l’immensité glaciale et terrifiante d’une île qui se mérite, ne donne rien, n’offre rien, n’est que dureté et apprêté.
Telle une légende, il nous raconte l’histoire d’un enfant différent, hors des espérances et la générosité de la vie. Un corps rond, une force herculéenne, un esprit soumis aux pires conditions, à l’esclavage, à la volonté de son seul courage à devenir un héros légendaire. Un enfant qui va connaitre une vie qui le mènera dans les pires conditions et existences, dans les replis d’une humanité qui n’a que le nom, dans la sauvagerie de l’homme et d’une ile qui ne laisse rien passer.

Une bande dessinée qui ne peut laisser de marbre, de glace malgré l’aridité des paysages, imaginative et tentaculaire. On pénètre dans les planches immédiatement, envouter, enseveli sous la lave qui coule et embarque tout sous son passage. L’immensité des paysages et des couleurs est incroyable. Tel un peintre, Jeremy Moreau déploie son talent. Rien n’est un cadeau, tout est force et rejet, désaffection et abandon.
La beauté de ce roman graphique réside dans l’immense  volonté et présence de Jérémy Moreau qui a su capter toute l’énergie destructive et spectaculaire d’une époque et d’une ile. Dessinée à la main, sans l’aide d’une palette graphique ou d’un quelconque logiciel, le bédéiste nous prouve encore une fois que son talent est là, qu’il arrive à capter notre attention dans une histoire qui pourrait rebuter tant la violence extrême de la vie est présente, tant la sauvagerie de l’existence est là.
Les émotions sont palpables, les sentiments sont décrits comme l’ultime rempart à la férocité des protagonistes. Il nous envoute, nous conte une histoire épique qui semble sortie des plus grandes légendes, d’une aventure démesurée et incroyable, un Jack London qui parait bien fade aux cotés de ce géant aux pieds et à la poigne démesurée. 

Un album comme un coup de poing, une force incroyable et une douceur palpable qui nous maintient en éveil, nous pousse à tourner les pages et à aimer d’amour ce colosse à la mine patibulaire qui cache sous son cœur de braise, des larmes-perles précieuses.  

 

A découvrir :
Le singe de Hartlepool en compagnie de Lupano
Max Winson

A lire la très belle chronique de Moka et retrouvez toutes les BD de la semaine chez Mo et son bar à trouvailles génialissimes.

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La saga de Grimr
Jérémy Moreau
Editions Delcourt

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Commentaires
F
Me lancerai c'est certain ! Des contes, du Jeremie Moreau et un coup de coeur ! Irrésistible koa :-p
C
Emprunté, pas encore lu... il faut que je trouve le déclic je pense !
N
Déjà noté la semaine dernière chez Moka (malgré mes réserves sur le dessin des personnages qui ne m'attire pas plus que ça ! Mais les paysages ont l'air superbes.)
B
La chronique de Moka était superbe, la tienne l'est également, mais j'avoue que l'album ne m'attire pas.
N
Je l'avais notée et tu enfonces le clou !!
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